Nette progression sur céréales

L’automne 2018 a connu une pression moyenne de pucerons et cicadelles sur blé tendre et orge d’hiver. Le colza a été beaucoup plus impacté par les multiples ravageurs : pucerons, altises et charançons. Les insecticides à base de pyréthrinoïdes dominent tous les marchés, mais les associations se développent sur colza. Sur cette culture, une nouveauté est arrivée en 2019 : la flonicamide, antipucerons de la famille des pyridines, agissant par contact et ingestion.

Les pyréthrinoïdes solos dominent en céréales

À la suite des conditions chaudes de l’automne 2018, l’impact des pucerons a pu être précisément évalué. « Grâce aux 5 000 plaques VigieVirose analysées à l’automne, nous avons monitoré la présence de pucerons et cicadelles. Nous avons constaté une présence en augmentation ces trois dernières années avec des vols tardifs en saison », observe Aurélie Bogers, chez Syngenta. Les pucerons étaient présents dans 87 % des pièges VigieVirose, les cicadelles dans 48 %. Au global, 35 % des surfaces de blé d’hiver et orge ont été protégées en foliaire en 2018, contre 15 % en 2017, marquant une nette progression. Sur céréales, le marché global insecticide automne se hisse à 2,3 Mha déployés, couverts à plus de 95 % par des pyréthrinoïdes solos. La répartition entre ces matières actives évolue peu. La l-cyhalothrine de Syngenta occupe un tiers des hectares déployés. Son produit phare, Karaté Zéon, demeure la première marque du marché, sa performance et sa régularité se confirmant dans les essais de Syngenta et des instituts techniques. Les solutions à base de cyperméthrine, 2^e pyrèthre, couvrent 16 % du marché des insecticides foliaires, soit environ 365 000 ha déployés. Les marques à base de cyperméthrine (Cythrine Max, Cytplan Max…), vendues en majorité par UPL (ex-Arysta), sont en progression. L’esfenvalérate, distribué en exclusivité par Philagro, se situe autour de 15 % de part de marché en hectares déployés. BASF revendique 2 % de PDM en hectares déployés avec Magéos MD et Fastac, à base d’alpha-cyperméthrine. Chez Adama, on souligne l’intérêt sur la faune auxiliaire du tau-fluvalinate (Mavrik Flo/Talita), qui possède la mention abeille et préserve des insectes utiles comme les carabes et staphylins.

Colza : passages renforcés

Le colza a été très impacté par plusieurs ravageurs à l’automne 2018 : pucerons verts, pucerons cendrés, altises, charançon du BT, et par les larves de mouche du chou. Les intervenants estiment qu’un peu plus de 70 % des surfaces de colza sont protégées, ce pourcentage évolue peu d’une campagne à l’autre. En revanche, le marché insecticide automne 2018 a baissé de 30 % en hectares déployés, du fait de la chute des surfaces et des difficultés de semis en fin d’été 2018. Fait nouveau : le nombre de passages augmente, avec davantage de double et de triple applications insecticide (54 % des hectares, contre 47 % il y a deux ans). Avec l’arrêt de solutions à base de néonicotinoïdes, les pyréthrinoïdes associées et autres insecticides se sont développés. Les pyréthrinoïdes solos restent dominantes avec plus de 950 000 ha déployés. Elles affichent pourtant une baisse de 30 %, alors que le marché des organophosphorés subit une nette poussée, liée aux ravageurs devenus résistants aux pyrèthres.

Maintien annoncé au printemps

Les positions des sociétés évoluent légèrement. Le Karaté Zéon (l-cyhalothrine) de Syngenta reste le premier produit du marché. Dans la gamme Certis, la cyperméthrine solo se tasse à 16 % du marché des pyrèthres, alors que les pyréthrinoïdes associées Daskor/Patton M progressent à 180 000 ha déployés. Philagro s’appuie sur l’esfenvalérate : « 50 000 ha ont été protégés avec Mandarin Pro ou Sumi-Alpha en 2018, souligne Yves Besnard, et la nouvelle introduction de Mandarin Gold devrait contribuer au développement de cet insecticide ». BASF marque un retrait, passant à 3,6 % de PDM en ha déployés, principalement avec Mageos MD, à base d’alpha-cyperméthrine. Boravi WG (phosmet), de Gowan, couvrirait 160 000 ha. En 2019, Belchim lance le Teppeki, flonicamide qui agit sur les pucerons et insectes piqueurs par effet de contact et par ingestion, sans action neurotoxique. Le marché insecticide au printemps 2019 semble parti pour se maintenir. Les attaques précoces de méligèthes sur colza ont été observées, ainsi que la présence de cécidomyies et pucerons de l’épi sur céréales au mois de mai.

Anne-Marie Laville